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Marseille, capitale de la rupture

Le film

Synopsis

Marseille capitale de la culture 2013 ? Exemple flagrant de l’instrumentalisation de la culture à des fins politiques, sociales et économiques ou comment la culture dominante est utilisée pour redessiner une ville à l’image des promoteurs et au mépris de ses habitants qui se voient expulsés peu à peu. Ce mini-docu a voulu donner la parole aux acteurs concrets de la ville, ceux que l’on entend que trop rarement.

Fiche Technique

Réalisation :
  • Musique : Keny Arkana, Naias, Fonky Family, RPZ, Soledad
Pays :
Langue : français
Genre :
Public :
Durée : 20min13
Date : 2013

Licence

image du film

Autour du film

La Rabia del Pueblo, collectif d’artistes marseillais

Le collectif est impulsé par des artistes marseillais dont la rappeuse Keny Arkana. Cette dernière est engagée depuis les débuts de sa carrière dans la défense des populations soumises aux lois du marché dans la ville et à l’instrumentation de l’art au service de l’économie. La Rabia del Pueblo participe à plusieurs mouvements sociaux français et internationaux et dans la continuité de son action, réalise ce documentaire, en donnant la parole aux artistes concerné.e.s mais aussi, aux associations de quartier, actives dans la vie culturelle et sociale des habitant.e.s. En 2018, le collectif réalise un autre documentaire Marseille Novembre 2018 : récit d’une ville qui s’effondre, plus long cette fois, sur les thématiques du mal-logement et de la gentrification à nouveau, fléau traversant les centres-villes depuis plusieurs décennies. Peu connu, a contrario de Keny Arkana, le collectif a su concentrer ses réalisations sur des thématiques propres à la cité phocéenne, tout en portant le fond d’une réflexion globale sur le monde artistique et son industrie délirante.

Manifeste contre la gentrification de l’art et de la ville

« En quelques années, Marseille a beaucoup changé, c’était important pour moi de marquer le coup, et de dire tout haut ce que la grande majorité des Marseillais pensent, parce qu’on ne nous a jamais demandé notre avis dans cette histoire… » Keny Arkana confie à Télérama en 2013 ses impressions quant au projet « Marseille-Provence 2013 », combattu fermement dans le documentaire. En son sein, on y observe également la lutte contre le projet Euromed, projet d’urbanisme voué à l’installation d’une population plus aisée dans les quartiers populaires du centre et de la périphérie de Marseille. Le témoignage de Zora, habitante marseillaise et engagée dans l’associatif, plante le décor d’une lutte vitale : la gentrification vient déplacer et précariser les corps mais aussi, effacer l’histoire d’une ville traversée par ses quartiers animés, multiculturels, détruire les pierres porteuses de récits et censurer les artistes. Par ce documentaire vivant et radical sur fond de rap, le pari de rendre la voix aux acteurs incontournables de la vie culturelle de quartier à Marseille est rempli de manière salutaire.

Source : https://www.telerama.fr/scenes/t-l-charger-marseille-2013-capitale-de-la-rupture-pour-keny-arkana,92221.php

Keny Arkana – Capitale de la Rupture

Source : https://www.youtube.com/watch?v=ta2jot9JhU0

Avis

Le documentaire est introduit sur des images de Marseille, couplées au vers suivant « Faire quelque chose pour quelqu’un, sans lui, c’est le faire contre lui … ». Cette phrase illustre la conception de l’art comme outil de lutte et de subversion, incarnée dans les réalisations engagées du collectif La Rabia del Pueblo. Marseille, capitale de la rupture est un film manifeste de la lutte des habitant·es et artistes marseillais contre l’énorme projet culturel « Marseille-Provence 2013 », organisant une série d’événements autour des nouvelles infrastructures culturelles financées par les pouvoirs publics. Le monde de la culture indépendant ne peut rester immobile face à cette rupture d’égalité qui le touche. Alors même qu’il est déjà fragile, comme l’indique un gérant de bar associatif face caméra au cours du documentaire.
Au moment de la réouverture des lieux culturels suite à un nouveau confinement en 2021, se replonger quelques années auparavant, dans un contexte déjà installé d’industrialisation agressive de toutes les formes d’art, réinterroge nos rapports à l’art et la manière de l’aborder, de le créer, de le diffuser, d’en être spectateur·rice. Laissé pour compte depuis le début de la crise sanitaire, les associations, lieux de culture et de fête indépendants sont nombreux à avoir mis la clef sous la porte, faute de moyens et de soutien financier ou matériel pour continuer leur activité. De 2004 à la création du collectif La Rabia del Pueblo, de 2013 et la lutte contre « Marseille-Provence 2013 » à aujourd’hui 2021, rappelons le sacrifice des artistes au profit de l’art rentable et célébrons les luttes pour le droit à la création.

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