Avec Lent ciné, on a commencé à faire des choses parce qu’on en avait envie, sans trop théoriser, sans connaître grand monde. En 2017, on a organisé la première édition du festival de films libres de critique sociale, Nos désirs sont désordres. C’est là qu’on a rencontré Yannick, membre de Synaps et du cinéma voyageur. Ça a été un point de départ : grâce à lui, on découvre, via le réseau d’ailleurs, plein de chouettes collectifs, et plein de chouettes personnes. Le cinéma voyageur a ouvert la voie à la diffusion du cinéma libre. Sans elles et eux, pas de HorsCiné. Alors on leur a proposé une carte blanche pour cet été. Qu’ils et elles ont accepté. On les remercie beaucoup, d’autant plus que ça leur rajoute du taf durant cet été bien chargé.
Le Cinéma Voyageur
Le Cinéma Voyageur est né de l’envie de partager des films qu’on aime et qui n’entrent pas dans les moules standardisés de la diffusion. Posé sur l’espace public, notre chapiteau aux parois poreuses construit un autre espace de diffusion désirant faire vivre la discussion, prolonger les histoires, créer des liens. Il propose au spectateur de se frayer un autre chemin dans les méandres d’un système où l’image et la création sont devenues des objets de consommation. C’est un cinéma libre et ambulant posant ses bagages ici ou là, au gré de ses envies, pour proposer une programmation qui émerveille, gratte et chatouille. Les films projetés sont produits à la marge de l’industrie cinématographique et n’ont ni de diffusion téle en chaine nationale ni de distributeur en salle. Leurs auteurs défendent leur libre diffusion : film sans copyright ou déposés sous licences Art libre, Copyleft ou Creative commons. Un choix qui invite à l’échange d’expériences, de points de vue, de questionnements, dans une atmosphère intimiste. Libre et indépendant de toute subvention, le cinéma devient ambulant grâce aux dons des spectateurs.
S’élever en plein air – tournée 2021
Un nouvelle tournée du Cinéma voyageur ! Vous trouvez qu’on est à l’ouest ? Y’a du vrai, car cette année on sillonne la Bretagne et le Cotentin. Mais plus que jamais, on ne se voit être que là, avec vous, en chair en os et en transat, plutôt qu’en écran partagé, zoomé, distancé… Le nôtre est fait de bâche et de tissu, il a de la gueule et à notre grand dam peut même servir de château gonflable pour les mômes, c’est dire sa matérialité !
Alors on est gonflé.es à bloc, tout comme notre écran qui surgit sur les places ou dans les champs, pour accueillir de nouveaux films, catalyser les mondes qui coexistent et s’offrent à voir. Nous rappelant qu’il existe encore, malgré l’univers unifié de la pandémie, des mondes multiples et foisonnants.
Après cette seconde saison de solitude, on a besoin de se recréer des espaces, des écrans, des imaginaires qui viennent contrer le discours réactionnaire hégémonique. Le gouvernement essaie de policer les mondes associatifs à coups de chartes et d’appels à projet comme autant de chantages aux subventions. Alors, s’il veut du séparatisme et du rapport pas net à la République, à la Nation et à ses avatars faisandés, qu’il vienne se frotter à notre catalogue de films ! Il verra ce que peuvent en dire les Kanaks ou les peuples autochtones en lutte d’Amérique du Sud, suivre des fragments de parcours de migrant.e.s arrivant en Grèce, en Belgique ou en France, discuter en mixité choisie de comment bâtir une culture du consentement contre celle du viol.
On sait pas de quoi l’automne sera fait mais le printemps prochain débouchera sur des élections. Reprenons des forces ensemble si on veut affronter le flot d’inepties qu’elles vont charrier.
Notre chapiteau étant très réfractaire à l’idée d’abriter un cluster, on a pu s’arranger, trouver une manière d’exister sans risquer trop fort de donner un os à ronger à ce virus. On ne pouvait se résoudre à attendre l’obscurité pour projeter alors on vous propose de se retrouver en plein air pour des fins d’aprem en immersion dans le son grâce à la programmation phonique conçue spécialement pour nous par les Sonorités.
Manière de laisser venir la nuit à nos oreilles, avant d’ajouter de l’image au son et de faire un clin d’œil aux étoiles.