Retour de la tournée d’été en Nouvelle-Aquitaine du cinéma voyageur par les copaines du collectif.
“Qu’est-ce qui vous amène par ici, avec votre gros camion rouge, votre frêle caravane et tout votre foutoir ? Y’a rarement du passage par chez nous. »
Sûrement pas grand chose, le hasard ou le qu’en dira-t-on qui nous a assuré que ce coin d’herbe entre le boulodrome et la MJC serait l’emplacement idéal pour nos projections. Parfois juste la bêtise d’un nom qui nous fait rire sur une carte.
Le besoin de se rafraîchir qui nous fait dévier jusqu’à l’océan, une rivière de montagne, un coin de cascade ou juste une piscine de camping.
Le goût du risque semble-t-il tant nos bricolages semblent parfois bancals, tant la chute de la roue-jockey de notre caravane semble inexorable.
La pure gourmandise quand on nous invite à partager des truites fraîchement pêchées, des pizzas faîtes en collectif ou l’habituel concours de tartes du village.
Entendre les rires retentir à l’intérieur du chapiteau, pile au moment où on s’y attendait.
S’attendre à voir la moitié des yeux encore humides lorsqu’on ouvre le rideau après des souvenirs d’adolescence partagés
Se faire soi même surprendre par l’émotion d’un film qu’on a pourtant vu moult fois
Se rire de la mort parfois, s’en soucier souvent, en tout cas arriver à en discuter.
En faire de même avec la sexualité.
En tout cas essayer de briser des tabous
Échanger des regards complices avec des inconnu.e.s, encore tout vacillant.e.s des résonances du film vu ensemble
Les discussions souvent constructives, parfois houleuses voire même borderline. En tout cas, on vous invite à les finir au bar parce qu’on a un écran et un chapiteau à démonter !
Les réactions parfois inattendues, trop fortes pour rester en place et dont on essaie de prendre compte
Rester dans le silence avec celleux qui n’arrivent pas à parler après la séance et laisser le temps s’étirer encore un peu
Le fou désir de s’organiser à 23 dans une caravane pour 4, se relayer, se chuchoter, s’écrire, se transmettre “où sont les sardines et le PQ?” “et la massette?” “dans la pelouse de la date précédente”
Le plaisir de se raconter les histoires d’il y a 13 ans, où on était même pas, et que les nouvelles personnes du collectif se transmettent les histoires flambant neuves d’il y a une semaine
Le challenge de voir si notre structure tient vraiment dans cet espace
Faire les mêmes blagues depuis 10 ans lors des présentation, alors qu’elles font mouche une fois sur 3
Enfin croiser la route, le voyage de personnes avec qui on a échangé trop de mails
Se faire suivre. On se fait suivre non ? Ces personnes-là, c’est la troisième projo où elles viennent ?!
Revenir dans un lieu déjà visité. Et en découvrir de nombreux autres
Se rendre compte qu’on ne vient pas pour les même raisons, mais avancer ensemble
Réfléchir à comment on pourrait mieux faire, ou différemment, ou peut-être que si ?
Réparer le matériel sur le tas, accrocher les même décorations comme un rituel et rajouter de nouveaux éléments kitsh au bazar
Découvrir comment les gens ont eu l’information de la projection : une affiche vue à une centaines de kilomètre, le parfait hasard, les connexions improbables…
C’est qu’on est nombreux-ses dans le collectif alors la réponse est multiple, bancale et même parfois contradictoire.