Retour de la tournée d’été du cinéma voyageur par les copaines du collectif, entre les Hauts-de-France, la Belgique et le Grand-Est.

Si j’étais…

Si j’étais le chapiteau du cinéma voyageur…

je vous raconterais comment j’ai été heureux de reprendre mes fonctions. Après deux ans d’arrêt maladie pour cause de covid, j’ai de nouveau vêtu mes belles parures rouges et noires, mes colliers de guirlandes et mon tapis rouge pour recréer cette ambiance tamisée et intimiste en pleine journée estivale. Vous étiez sûrement surpris-e de voir que je n’avais pris une ride? J’avais belle allure au milieu des corps de fermes, des bâtiments caractéristiques du XIXe siècle des Ardennes belges au fourneau de Saint Hubert, sur la place Crève-Cœur de Liège, au pied d’églises majestueuses ou les pieds dans les champs, ou encore serré au millimètre près sur un parking.

Si j’étais la caravane du cinéma voyageur…

j’omettrais de vous raconter comment j’ai été lâche en abandonnant mon équipage en milieu de tournée. Mais voyez vous, ça ne roulait plus. Alors à quoi bon continuer, j’aurais ralenti tout le monde. Je suis rentrée toute seule au bercail dans l’Aveyron et l’équipe a continué sa route. Iels m’ont raconté, qu’une fois passée le sentiment d’abandon et la séparation, qu’iels ont trouvé partout des personnes sur leur route qui leurs ont offert le gîte et le couvert et que je ne leur ai pas manqué quand il s’agissait de faire une manoeuvre.

Si j’étais la distro du cinéma voyageur…

je me pavanerais. Sans me vanter, j’avais du style. On prenait souvent soin de me faire belle et alléchante. J’avais plein d’histoires à partager, d’univers à faire découvrir, de réflexions à nourrir.

Si j’étais le catalogue des films du cinéma voyageur…

je vous décrirais comment les anciens et les nouveaux arrivants se sont assis en cercle avec moi sur leurs genoux et ont composé des programmations qui en jettent. Je vous raconterai aussi ma vie d’après, quand je me transforme en encyclopédie d’un certain cinéma se baladant sur les étagères d’un lieu asso, dans un infokiosque ou dans les toilettes d’une coloc.

Si j’étais un film du Cinéma Voyageur…

je dirais que certains sont plus chouchoutés que d’autres, selon les personnes en présence. Il y a les films qu’on projette presque tout le temps, ceux où on attend le bon moment, les valeurs sûres et les ceux qui sont lancés avec des mains moites. Il y a les films qui créent presque systématiquement une réaction et ceux qui rend le public taiseux, mais pas moins attentif. Il y a les films qui remuent, qui font cogiter, qui donnent un peu d’espoir et de force, et puis ceux qui sont là pour le plaisir des sens, pour l’émerveillement, pour rire ou s’extirper de ce monde tragique.

Si j’étais la météo de la tournée…

je vous montrerais mes coups de soleil, et je vous démontrerais que les grosses chaleurs existent aussi en Belgique. Heureusement, la bière belge désaltère. Et le Cinéma Voyageur c’est aussi regarder des films sous la fraîcheur d’un ciel étoilé.

Si j’étais le camion du cinéma voyageur…

je ferais chanter mon moteur pour vous. Je suis fière d’apprendre la patience, quand il s’agit de tourner la clef, et la conviction quand il s’agit de fermer mes portières. Parfois grincheux, j’ai quand même la détermination d’un escargot portant sa maison couplé à la rapidité et l’élégance du guépard.

Si j’étais l’écran plein air du cinéma voyageur…

je vous conterais ma frayeur. Tout nouveau dans le matériel, je me faisais une joie de montrer mes talents de surface plane et blanche sur lequel projeter des films en toute circonstance tant qu’il fait nuit. Hélas, une chute imprévisible s’est produite (la faute à quoi ? On ne saura jamais), je m’en suis tiré avec un pied cassé et une de mes toiles éventrée. Quelques jours de convalescence ont permis de réparer mon pied, j’en suis devenu fragile, prudent mais toujours debout, tel un chanteur ayant abusé des tournées.

Si j’étais une des personnes du cinéma voyageur présentes sur la tournée…

je vous dirais qu’on était 20 à se relayer sur les deux mois, que de nouvelles têtes ont fait leur apparition, ramenant leur fraîcheur et leur enthousiasme, que des vieux étaient aussi là, et que la magie opérait toujours. Et qu’iels ont magné le matériel comme des déesses et des dieux. Mais je ne pourrais pas vous en dire tellement plus, car c’est avant tout une histoire de goût et de sensibilité, chaque jour était différent, et puis qui suis-je pour parler au nom des autres ?

A bientôt?

Le matériel est au chaud pour l’hiver avant la prochaine tournée…
Le collectif du Cinéma Voyageur se réunira du 21 au 23 novembre à Montreuil, si vous avez envie de rejoindre l’aventure écrivez-nous! Et n’hésitez pas à nous inviter pour la prochaine tournée… ca pourra guider notre itinéraire!