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Briser le silence des amphis

Ce documentaire traite explicitement d’harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles, de viol et de suicide.

Le film

Synopsis

Dans le documentaire Briser le silence des amphis, des étudiantes, des doctorantes ou encore des membres du personnel témoignent des violences sexistes et sexuelles qu’elles ont subies au sein de l’université devant la caméra de la réalisatrice Lysa Heurtier Manzanares. Une des conséquences presque systématiques de ces violences est la réduction au silence, et par ce fait leur omission. Faire entendre ces récits c’est, au-delà de leur portée libératrice individuelle, œuvrer à compléter la part manquante de notre histoire collective. Ce documentaire apporte sa contribution à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche : écoutons celles qui prennent la parole et ne laissons pas le silence s’installer dans nos amphis !

Fiche Technique

Réalisation :
  • Edwige Moreau – Cheffe Opératrice
  • Laura Blanchard – Comédienne
  • Sarah Bosson – Comédienne
  • Elsa Galassi – Comédienne
  • Pauline Faivre – Comédienne
  • Karine Guibert – Comédienne
  • Guillaume Namur – Monteur
  • Mikhael Kurc – Monteur Son
  • Lucas Masson – Mixeur Son
  • Magali Marc – Étalonneuse
  • Lola Malique – Musique originale
  • Laura Uzan – Chargée de production
  • Célia Levasseur – Administratrice de production – Les Artpie’Cultrices
  • Laura Uzan – Chargée de production – Les Artpie’Cultrices
  • Alice Béja, Corinne Nativel, Hélène Quanquin et Clémentine Tholas – Écran et parole
  • Élisa Castello – Hystérique*
Pays :
Langue : français
Genre :
Durée : 51min09
Date : 2022

Licence

image du film

Autour du film

Une création en plusieurs étapes

Avant le tournage

En septembre 2020, le collectif d’enseignantes chercheuses Écran et Parole entre en contact avec l’association féministe, queer et intersectionnelle de la Sorbonne Nouvelle : Hystérique*. Le but est de créer un vrai partenariat entre enseignant·e·s et étudiant·e·s. l’objectif était de dépasser le système de hiérarchie traditionnelle entre le corps professoral et la population étudiante en fonctionnant sur le mode de l’horizontalité dans la gestion de ce projet. Le mois suivant, suite à la publication du rapport de L’Observatoire Étudiant des VSS, nous comprenons que trop d’étudiant·e·s ne savent pas à qui s’adresser quand elleux ont un problème lié à des violences, qu’elleux n’ont pas forcément foi en l’institution universitaire pour parler de ce qu’elleux ont subi ou observé. Il semble nécessaire de (re)bâtir un pont entre les étudiant·e·s et les représentant·e·s de l’enseignement supérieur par le biais de nouveaux types d’action.

Ainsi, en novembre 2020, nous contactons la réalisatrice Lysa Heurtier Manzanares qui nous a été recommandée pour son travail sur les questions de sexualité et de genre. Son documentaire précédent En plein jour (Quartett production) regroupe des témoignages qui traitent de l’amour et de la sexualité; c’est une cartographie des façons d’aimer mais aussi des normes qui limitent la parole.

Les étudiantes, enseignantes et Lysa mettent au point un formulaire pour amorcer le recueil de témoignages. Ce sont majoritairement des étudiantes qui répondent, mais il y a aussi des professeures et des membres du personnel de l’université. En complément de la parole étudiante qui est la clé de voûte du documentaire, il est décidé de créer aussi des capsules vidéo réunissant des professionnels et des spécialistes de la question et permettant de mettre en lumière des informations liées à la lutte contre les VSS souvent trop difficilement accessibles.

A partir de Février 2021, #sciencesporcs, qui dénonce les violences sexistes et sexuelles dans les instituts d’études politiques, enclenche un mouvement plus large. Cet élan collectif de dénonciation des dysfonctionnements de l’enseignement supérieur par les étudiant·e·s de très nombreuses filières (école d’arts, médecine, pharmacie, écoles de commerce, etc.) mène à l’organisation de la manifestation du 6 mars 2021. Une de militante de l’association Hystérique* a d’ailleurs été suivie par Street Press lors de cette journée, nous vous invitons à découvrir le reportage en vidéo ici.

Le mois suivant, nos productrices exécutives, les Artpie’cultrices, bureau de production dédié à la création féminine, rejoignent le projet. Les Artpie’cultrices proposent un montage financier combinant différentes sources de financement venant de plusieurs universités (Sorbonne Nouvelle, Lille, Science Po Lille, UPEC, Université Gustave Eiffel), du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ainsi que de celui de la culture, et une cagnotte participative mise en place en avril et mai 2021.

Pendant ce temps, Lysa travaille avec les personnes désirant témoigner. Après une prise de contact par téléphone pour recueillir leur histoire, elle explique notre démarche et organise ensuite des rencontres individuelles pour définir avec elles ce qui va être dit de leur histoire et leur combat. Mais aussi pour aborder les modalité de témoignage : face caméra, seulement une prise de son ou à un écrit qui sera dit par des comédiennes face à la caméra.

Lysa propose au collectif théâtral La Gangue, ainsi qu’à la compagnie Mauvais Genre de participer au film pour que des comédiennes portent la parole de celles qui ne pouvaient pas se déplacer sur le tournage pour des raisons pratiques (résidant à l’étranger, impossibilité de planning, procès en cours) ou qui voulaient garder leur anonymat complet de peur que leurs voix soient reconnues. Des répétitions sont organisées et un véritable travail de dialogue entre les témoignantes et les comédiennes se met en place pour que leur parole soit transmises avec le plus de justesse possible. Lysa décide aussi d’utiliser les pancartes créées par La Gangue et Hystérique* lors de la manifestation du 6 mars 2021, pour mettre en avant les slogans qui cristallisent le besoin de changement. La réalisatrice et sa cheffe opératrice, Edwige Moreau, effectuent aussi des repérages pour anticiper le tournage sur les campus de l’Université Sorbonne Nouvelle et de l’Université de Paris.

Lysa a reçu 40 réponses à l’appel à témoignage diffusé sur les réseaux sociaux et par le biais des associations étudiants pendant plusieurs mois; 17 personnes participent finalement au tournage selon les 3 possibilités retenues (témoignage filmé, témoignage audio, témoignage lu par une comédienne) puis, après concertation avec l’équipe au complet, 9 témoignages sont retenus au montage sur la version finale du documentaire.

Pendant le tournage

Le tournage débute en juin 2021 et dure 3 semaines, avec Lysa Heurtier Manzanares à la réalisation et Edwige Moreau à l’image et au son. Il s’effectue sur campus Censier et à la Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle ainsi que sur le site des Grands Moulins de l’Université de Paris.

Lysa et Edwige, avec le concours des Artpie’cultrices qui gèrent la logistique, accueillent les personnes ayant accepté de témoigner pour les filmer dans différents lieux emblématiques de la vie universitaire (salles de cours, bibliothèques, etc.). Elles ont également fait des enregistrements audio dans le studio radiophonique de l’Université Sorbonne Nouvelle. La cadence de travail est très intense, organisée autour des entretiens pour le film principal et de ceux avec les expert·e·s qui interviennent dans les capsules complémentaires. La réalisatrice et la cheffe opératrice filment également différents plans des établissements pour donner visuellement corps à l’université dans le documentaires. La réalisation de plans fixes avec les comédiennes incarnant la parole des victimes traduit l’esprit d’une lutte collective qui permet de sortir de l’isolement.

Le travail de montage

La première phase de montage commence six jours après la fin du tournage, début juillet 2021, réunissant Lysa Heurtier Manzanares (réalisatrice) et Guillaume Namur (monteur).

Lors des discussions sur le contenu du documentaire, l’équipe s’accorde sur un principe structurant: le film doit montrer l’envergure des violences sexistes et sexuelles comme un problème systémique, ainsi il est décidé qu’un principe d’anonymat des personnes et des établissements sera respecté. Briser le silence des amphis montre que les VSS sont présentes dans tous les établissements de l’enseignement supérieur et que les situations évoquées ne sont pas des cas marginaux ou isolés. Ainsi, les noms évoqués dans le cadre des témoignages sont des noms d’emprunt, nous avons travaillé avec le service juridique de l’université de Lille et en collaboration avec CLASHES pour les questions de préservation d’anonymat. Une fois le montage fini, la réalisatrice a fait valider par toutes les personnes présentes dans le film leur témoignage et elle a vérifié avec leur avocat·e·s que leur propos ne les mettaient pas en danger.

Lysa et Guillaume bâtissent un autre pilier du film: montrer le mécanisme des violences (comment on s’en retrouve prisonnier·ère, pourquoi c’est difficile de dire non ou de partir ). La continuité des violences ou leur rupture sont également liées aux réactions des institutions quand les victimes décident de parler, et même plus largement, aux réactions de leur entourage, à savoir les collègues, professeurs, directeurs, directrices, ami·e·s, famille, etc.

La première version du documentaire est envoyée à l’équipe en août 2021 et une deuxième phase de montage s’amorce, à partir de septembre 2021, avec la mise en place d’un comité de co-pilotage réunissant les co-productrices pour pouvoir donner des lignes directrices pour la suite du montage (choix entre les divers témoignages, choix sur la trame du récit du documentaire). Le but est de combiner la dimension pédagogique choisie à l’origine tout en valorisant une volonté esthétique forte. La volonté de la réalisatrice de mettre en image le lieu universitaire de manière plastique transparaît grandement dans le film, ainsi que son souhait de montrer une évolution de l’intérieur de l’université vers l’extérieur, une évolution des paroles individuelles vers une présence collective dans l’enceinte des amphis : les comédiennes prennent leur place dans les espaces vides des facs au fur et à mesure que la parole se déplie. Des plans d’écoute, de regards attentifs qui imprègnent le film d’une sororité essentielle: la parole appelle la parole mais l’écoute permet à cette parole de vivre.

En même temps que le montage, Lysa et les Artpie Cultrices gèrent la question de la bande son du film. Lola Malique compose la musique originale du documentaire. Lors des rencontres nomades des chorales révolutionnaires du 15 au 22 août 2021 au Maquis Minerve (Hérault), nous sommes autorisées à enregistrer le chant Cancion sin miedo par des chorales féministes de femmes et personnes non-binaires : cet hymne fort clôture le film.

A l’automne 2021, le montage est finalisé et la musique enregistrée en studio. Mikael Kurc et Lucas Masson se chargent du mixage et montage sonore à Sonosapiens puis Malagi Marc prend en charge l’étalonnage grâce au collectif SYNAPS.

La dernière étape avant la première projection est la création de l’affiche et des documents de présentation par la graphiste Cécile Gautier, en janvier 2022.

La première projection publique a lieu le 5 février 2022 par l’entremise du collectif SYNAPS à La Parole Errante à Montreuil, puis la première projection officielle se tient le 11 février 2022 à l’Université Sorbonne Nouvelle.

Source : https://www.briserlesilencedesamphis.com/lorigine-du-projet

 

Complément

De nombreuses ressources sont disponibles sur le site du films : https://www.briserlesilencedesamphis.com/

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