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Le film

Synopsis

Dans la Jungle de Calais, un briquet passe de main en main, d’histoire en histoire.

Fiche Technique

Réalisation :
  • Avec : Maude Bouhenic, Louisa, Faaizullah Lutfullah, Idriss, Osmane, Vincent Thiébaut
  • Assistants réalisation : Mirit Mikhail, Razi Mohebi, Soheila Mohebi
  • Chef opérateur : Mahmoud Afify
  • Scripte : Mirit Mikhail
  • Ingénieur du son : Hassen El Golli
  • Montage : Volant Neli, Thibault Jacquin, Luca Miller
  • Montage son : Hassen El Golli
  • Etalonnage : Volant Nelli
  • Mixage son : Hassen El Golli
  • Assistance technique : Alix de Germiny, Alice Guimard
Pays :
Langue : anglais
Genre :
Public :
Durée : 15min57
Date : 2017

Licence

image du film

Autour du film

Le mot du cinéaste

Je suis arrivé dans la Jungle de Calais après le démantèlement de la Zone Sud.

Cette première étape d’expulsion consistait à entasser les réfugié.e.s dans la Zone Nord, en partie inondable. La destruction des lieux de vie et les violences policières avaient causé de nombreuses blessures psychologiques, tant chez les réfugié.e.s que chez les bénévoles. Et ces dernièr.e.s avaient appelé à une relève.

Sur place, la médiatisation de l’expulsion s’était traduite par l’omniprésence des preneur.se.s d’images, souvent accompagnée d’un voyeurisme écœurant, et avait transformé le bidonville en zoo humain. Si j’avais pris une caméra avec moi, elle ne sortira finalement pas de mon sac.

J’ai passé le mois de mars 2016 à produire du bois de chauffage à la scierie, près des caravanes que l’on voit dans le film. Les cinq mois suivants comme professeur de français dans différentes écoles de la Jungle

Pendant cette période, j’ai tenu un journal et cherché une forme qui permettrait de rendre compte de la réalité de la Jungle tout en protégeant les réfugié.e.s qui y résidaient. La méfiance légitime liée à la surmédiatisation et la préservation de l’anonymat des participant.e.s m’a conduit au prisme de la fiction. Toute personne dans le champ était ainsi consentante à apparaître dans le film. Utiliser la fiction permettait également de protéger les parties non-fictionnelles du film par un trouble salutaire : nous savions ce qui était purement documentaire, le public et les autorités ne le sauraient jamais.

L’intégralité de l’équipe technique était bénévole. Composée de réalisateur.rice.s afghan.e.s réfugié.e.s en Italie (Razi et Soheila Mohebi), d’un duo de réalisateur.rice.s égyptien.ne qui ont vécu la révolution égyptienne (Mirit Mikhail, Mahmoud Affify) et d’un sans-papiers tunisien résident en France (Hassen El Golli, aujourd’hui régularisé), celle-ci était en pleine conscience des enjeux humains engagés sur place. La musique du film a été composée par un bénévole anglais. La quasi- totalité des acteur.rice.s étaient également des non-professionnel.le.s réfugiés ou bénévoles.

Malgré cette équipe idéale, le tournage s’est avéré compliqué de par le caractère intrinsèque de la Jungle, assimilable à une zone de guerre. Chaque semaine des réfugié.e.s mourraient écrasé.e.s par des camions en tentant de passer en Angleterre ou dans des rixes entre communautés. L’ultra présence policière (3000 policier.e.s pour 1 psychologue) et l’art délicat de leurs matraques accentuaient d’autant plus les tensions sur place. La surveillance mafieuse ainsi que la paranoïa ambiante rendait dangereux un tournage long. Les deux semaines de tournage prévues ont été réduites à une seule à la veille du tournage, la plupart des séquences écrites ont disparues et l’improvisation est devenue la solution de survie du film.

Un mois après la fin du tournage, la Zone Nord était également démantelée..

Aujourd’hui, les réfugié.e.s présent.e.s dans la zone du Calaisis sont dans une situation de précarité et de danger encore plus alarmante, régulièrement dénoncée par les organisations internationales. Et la crise sanitaire n’aura fait qu’empirer des conditions de vie déjà fort dégradées : dernièrement, des distribution de repas ont été interdites pour cause de non-respect des distances sociales, dans une rhétorique au cynisme criminel assumé.

Je termine par les mots d’un ami syrien, à qui le film est dédié, auxquels je souhaiterai faire répondre Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme)

– « Nous venions tre des hommes, nous voici devenus rats ».

– « Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries […] »

Thibault Jacquin

Source : https://www.horschampfrance.com/thibault-jacquin

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