Sikitiko, la main du roi
Pieter De Vos
Documentaire / 8min54 / 2010 / Belgique / dès 11 ans / CC BY-NC-ND
Le film
Synopsis
Fiche Technique
- Avec : Anadara De Vos, Pieter-Jan Nicolaas, Rudi Delhem, la fanfare kibanguiste de Belgique
- Scenario : Ringo Gomez Jorge et Pieter De Vos
- Musique : ‘Stefsax – I like it like that’ sous licence Creative Commons via ccmixter.org
Licence
Autour du film
Les statues meurent aussi
Si les médias français buguent en ce moment sur la non-mixité et un séparatisme fantasmé derrière tous les mouvements d’émancipation, ils découvraient au printemps dernier, grâce au miroir déformant du mouvement Black lives matter, qu’une partie de sa population avait sérieusement la haine contre les Grands Hommes célébrés en bronze et leurs cohortes de massacres mal dissimulés derrière des plaques ventant les victoires des guerres coloniales. Le mouvement de déboulonnage était international, particulièrement fort en Angleterre ou en Belgique alors que dans la métropole française, les statues de Colbert et Napoléon tremblaient à peine sur leurs fondements. L’action décrite dans Sikito date de 2004 et cette question est enfin devenu un vrai sujet politique en Belgique. Où en est-on en France de nos figures historiques et du roman national qui les accompagne ?
Action / répression
Le second fil de Sikito, c’est la répression absurde déclenchée par cette action avec un mot-clé qui résonne en France : antiterrorisme. Le cercle vicieux politico-judiciaire est activé pour mener une chasse aux sorcières réactualisée contre un mouvement politique émergent vu comme l’ennemi de la République (ah non, on me susurre à l’oreille que la Belgique n’est pas une République, le problème doit donc être ailleurs…). En France, la criminalisation des luttes et l’utilisation de l’antiterrorisme contre les mouvements politiques est revenue sur la Une des journaux grâce au fiasco politico-judiciaire de l’affaire de Tarnac. Depuis, ce processus s’est caché sous d’autres termes et tire à vue sur toutes formes de lutte. On peut penser, entre autres, aux gilets jaunes et à ses arrestations préventives massives, aux nouvelles lois ciblant les occupations d’université et l’introduction dans des abattoirs ou à l’usage de l’inculpation d’« association de malfaiteurs ». Si plusieurs affaires avec cette appellation couvrent le territoire, principalement pour des soupçons de sabotage, c’est celle liée à Bure et à la lutte contre le site d’enfouissement de déchets nucléaires qui documente le mieux l’engrenage absurde qu’essaient de faire fonctionner la police et la justice, faisant passer l’instruction de Sikito pour un modèle du genre.
L'avis de Cinéma voyageur
Cette semaine, le Ciné Voyageur peut paraître un peu radin. 8’55 seulement d’un film déjà en ligne sur HorsCiné, ça sent l’arnaque ? C’est que Sikito est un des classiques de nos débuts de séances et, vu que la SACEM a décidé de faire payer des droits pour la musique d’Abuela Grillo (https://vimeo.com/11429985), on fonce au Nord pour mettre en avant cette histoire d’anti-terrorisme et de décolonialisme. A vrai dire, on sait pas grand-chose de Docwerkers, le collectif belge qui a produit le film, parce qu’ils ont l’air plutôt porté sur le néerlandais et qu’on avait pas pris cette option au collège. Ce qui marque avec Sikito et donne envie de continuer à le dépoussiérer dix ans après, c’est son actualité. Réalisé en 2010, il raconte sous forme de fable absurde la répression subie suite à une action contre une statue glorifiant la colonisation et l’esclavage belges. Derrière sa forme pop et acidulée se cachent des vortex politiques qui occuperont votre soirée.